Hommage à François Bovesse 2022 – Revivez la cérémonie

Lien Facebook : https://fb.watch/a-p9-Ucib0/

Lien YouTube : https://youtu.be/pbm7VaS6tEI

Comme chaque année, le premier dimanche de février, dans son devoir de mémoire, le Comité Central de Wallonie organise une cérémonie de commémoration de l’assassinat de son président-fondateur, François Bovesse.

Cette année, l’orateur était Axel Tixhon, historien et professeur à l’université de Namur.

L’intégralité de son discours est à retrouver ci-dessous :

Pourquoi ont-ils tué Bovesse ?

Certains d’entre nous se souviennent peut-être encore de ce succès de Jacques Brel, sorti en 1977, sur son dernier album et intitulé « Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? ». Entre l’assassinat du grand tribun socialiste français et le crime crapuleux du célèbre gouverneur namurois, il y a plus qu’une ressemblance syllabique !

Entre les deux, l’Europe s’est suicidée au cours d’une nouvelle guerre de trente ans. A l’origine des deux, des nationalismes exacerbés ont armé des esprits éperdus pour accomplir de basses besognes. Pour les deux, le courage de lutter avec des armes pacifiques, la plume et le verbe, s’est fracassé contre la violence imbécile et vulgaire d’un coup de feu tiré à bout portant. Contre les deux, la foi inébranlable dans le triomphe de la raison sur l’ignorance, du bien sur le mal, de l’intelligence sur la bêtise a été fatale, offrant leur corps sans défense à la détermination criminelle de répandre la terreur et la haine.

Pourquoi donc ont-ils tué Bovesse ?

Pour laver l’affront d’une humiliation subie quelques années plus tôt ! Quand, en 1936 le ministre de la Justice Bovesse parvient à faire voter au Parlement une loi renforçant l’interdiction des milices privées et les privant du port d’armes.

Pour venger la campagne victorieuse menée par le ministre libéral pour soutenir le gouvernement contre l’élection de Degrelle, lors de l’élection partielle fomentée par les pontes du Rexisme et qui tourne, en avril 1937, à la débâcle du « beau Léon ».

Pour faire taire l’opposant inoxydable aux appétits annexionnistes de l’Allemagne hitlérienne dénoncés dès les premières heures du IIIe Reich, alors même que celui-ci est sollicité, du côté rexiste, pour gonfler l’aide financière déjà fournie par les fascistes italiens.

Pour effacer l’exemple patriotique du résistant désarmé qui ne cède rien face aux agressions brutales menées par l’occupant, tandis que d’obscurs collaborateurs révèlent une pusillanimité sans borne pour s’attirer les faveurs du pouvoir nazi en aboyant, sans ciller, « la germanité des Wallons ».

Pour engendrer un climat de terreur propice à l’impunité des crimes commis par les cadres d’un mouvement rexiste dissous progressivement dans une organisation plus mafieuse que révolutionnaire.

En un mot, pour éliminer un adversaire politique en utilisant la force physique inégale au cours d’un guet-apens menés par des agents de basses œuvres sous des déguisements factices.

Il n’est ainsi guère étonnant que la date du 1er février 1944, comme celle du 31 juillet 1914, soit « marquée de l’infamie » comme toutes ces dates où l’agresseur impose, par la force, le silence à son contradicteur pour la simple raison que celui-ci est un obstacle à sa volonté.

Dans ces tragédies humaines, la figure de la victime en ressort d’autant plus grande que leurs agresseurs se montrent insignifiants. Elle personnifie autant le courage que leurs exécuteurs s’avèrent pleutres. Car, comme l’exprimait Jaurès, dans ville d’Albi en 1903, « Le courage c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel (…), c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques » !